YAI SOUIS ERASMOUSSE !!

Le quotidien d’enseignant à la fac peut sembler bien chiant, et bien aujourd’hui j’ai encore eu la preuve que c’est aussi quelque chose de tordant. Après avoir été malade j’ai une somme de cours à rattraper assez énorme qui me faisait envisager une journée d’horreur ponctuée de huit heures de cours durant lesquelles j’écoute tant bien que mal les exposés sur des peintures françaises par des gentils étudiants qui ont sincèrement l’air de s’en battre les steaks. Alors, face aux douze oraux d’aujourd’hui, j’avais déjà des sueurs froides, d’autant plus quand j’ai réalisé que 4 d’entre eux seraient faits par des étudiants erasmus. Pour info un étudiant erasmus c’est un étudiant qui vient d’une fac étrangère qui vient passer un an dans une fac française pour se familiariser avec la culture et la langue du pays et souvent le jour des inscriptions donne une vague idée des difficultés de l’année. La simple question du choix du groupe crée une grande panique chez l’étudiant qui n’a pas compris la question et n’a pas même les mots français pour le dire. Alors lorsque cette flopée d’immigrés intermittents passe un oral, ils se font aider pour avoir un texte écrit dans un parfait français mais même leur lecture est laborieuse, donc il est super difficile de les écouter vraiment…

Cependant aujourd’hui, c’est ce qui m’a fait tenir le coup, lorsqu’une étudiante que nous appellerons Marie-Latifa (j’adore les prénoms de métissage débiles) a expliqué que les personnages étaient « des putes en mouvement », j’ai pas pu me retenir j’ai pouffé, merde ça y est je suis grillé, alors pour passer pour un sérieux professeur je fais semblant de prendre des notes, et j’écris sur mon cahier « des putes en mouvement ». Ca y est le vice était lancé j’allais noter toutes les phrases que je comprenais pas ou qui avait une sonorité débile. Pour info les putes en mouvement, ça voulait dire debout en mouvement, j’ai mis du temps à comprendre. Et donc pendant toute sa demi-heure d’exposé j’ai noté et noté et voilà mes notes (bon courache) :

« Les plous obscours, très intéréssant, propre de la scoultoure classic, antitésse Délacroix avec Sardanaple où il y a un cheval qui symbolise la passionne érotic. Il offre des contrastes très violents entre lé sombre é lé clair et Délaroche est plus unité. Résigné esquisse d’après Rubens, des corps très … (elle bloque), très (rebloque) tournés. (tout ça pour ça). Mais lé innéflouences de Rubens, sur les féminines nues, même position et posture violents des femmes grosses. Délaroche adapte ce thème avec son propre sein (j’avoue j’ai toujours pas compris »

Il faut l’avouer Marie-Latifa c’était pas super évident et pas super intelligent, mais je me pilait tout seul donc rien de grave.

Second cours, malheur encore un erasmousse, nous l’appellerons Juan-Mohamed, et malor mon vice me reprend avec mon sourire sinique. Le diable est en moi , c’en est fini je n’arriverai plus à ne pas prendre de notes, et Juan-Mohammed était tellement fort que je pouvais pas faire autrement que tout rapporter ici :

            « En dessin montre lé lit mé jé né lé trouvé pas. C’est le tableau qué né trouvé pas non plou, les enfants en prier Delaroche. Apré lé mort Délaroche, il yu exposition dé toute son œuvre. […] Pour finir jé vé traiter la modernité dans ces deux peintres. Délaroche aprédonné vie à perzonnache plouzoumain ( j’ai pas compris ) Délaroche a voulé créere peinture pour toucher lé poublic, il faut dé la créativité. La sensualité et la morte (pas compris non plus ) créer perfectment sa vision personnelle plou moderne. »

S’il y avait un prix à décerner à l’oral où j’ai le mois compris, c’est clair qu’il est pour toi Juan-Mohammed. Mais là où il mérite vraiment une mention spéciale, c’est à la fin de son oral, il me sort : « J’espère que vous avez compris ma pronontion » Et c’est reparti je pouffe. Alors oui Klapisch nous a montré que les étudiants erasmus s’éclataient comme des petits fous, il a oublié de montrer l’enfer que c’était à vivre pour les enseignements. Je lui pardonne parce qu’au moins grace à lui je peux mettre une photo du fantasmatique Romain Duris (ps Romain c’est quand tu veux…)

A plouss…